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L'Orangerie décloisonnée - Globe - Ven. 07 Mars 2003

L'Express du 06/03/2003

L'Orangerie décloisonnée

par Michèle Leloup

Grâce à  une astucieuse restauration, on pourra bientôt revoir, entre Seine et Louvre, les Nymphéas de Monet et la collection Walter-Guillaume. Il était temps

Le musée de l'Orangerie, massacré par des cloisonnements successifs, va enfin retrouver sa lumière zénithale, propice à  la contemplation de l'ensemble des Nymphéas, l'œuvre de Claude Monet.


Cette réhabilitation met fin à  un aménagement médiocre survenu en 1964, lorsque l'Etat fit l'acquisition des toiles du grand marchand d'art Paul Guillaume, vendues par sa femme, Juliette Walter. Faute de place, un étage fut alors «greffé» sur toute la longueur de l'édifice, au mépris du chef-d'œuvre de Monet, le privant de la lumière naturelle, remplacée par un éclairage artificiel. Un gâchis.

© Agence BLP

Projet de l'agence Brochet, Lajus, Pueyo: éclairage direct des Nymphéas par la verrière; en sous-sol: la collection Walter-Guillaume.

Aujourd'hui, ce plancher de béton va disparaître, ainsi que l'escalier monumental qui, à  l'entrée, masquait le caractère majeur de l'œuvre. Et occultait le geste fondateur de l'artiste qui fit don des Nymphéas à  la France, au lendemain de l'armistice de 1918, à  l'invitation de son ami Georges Clemenceau. Dans ce poème pictural dédié à  la nature, le peintre voyait «l'asile d'une méditation paisible», havre d'autant plus reposant que la Seine et le jardin des Tuileries, tout proches, lui offraient un cadre taillé à  sa mesure.


Outre ce remaniement essentiel, le vestibule initial dessiné par Claude Monet sera rétabli (vestiaire et librairie), de sorte que l'on pourra avoir accès de plain-pied aux salles des Nymphéas. Enfin, le programme prévoit un nouveau lieu d'exposition, creusé sous la terrasse de l'Orangerie (31 000 mètres carrés), qui sera, en partie, éclairée par une longue saignée recouverte de dalles transparentes sur toute la longueur de la façade nord de l'Orangerie.


Ce volume souterrain - situé au-dessus du niveau de la Seine, donc protégé des crues - accueillera une salle d'expositions temporaires, mais principalement la collection Walter-Guillaume. Dans sa présentation antérieure, celle-ci n'offrait qu'un panorama incomplet de la peinture française de Cézanne à  Picasso. Elle sera donc étoffée par d'autres tableaux d'art africain, océanien et de primitifs du XXe siècle, de dessins d'écrivains, dont cet amateur éclairé fut un remarquable «passeur».


Cette restauration tardive (20 millions d'euros, dont la moitié pour la maîtrise d'ouvrage), magistralement exécutée par trois architectes bordelais - Olivier Brochet, Emmanuel Lajus et Christine Pueyo - a été entièrement pensée par Pierre Georgel, directeur des lieux. Porteur de ce projet culturel depuis dix ans, son musée a également participé au financement partiel des travaux, grâce aux recettes de l'exposition hors les murs - organisée depuis la fermeture de l'Orangerie, en 2000 - qui a tourné de Taà¯wan au Canada (3 millions de visiteurs).

Une renaissance à  l'arraché

«Notre collection impressionniste est de première importance et, malgré l'ouverture du Centre Pompidou, du musée d'Orsay et l'aménagement du Grand Louvre, cette institution a su tirer son épingle du jeu, cumulant 11 millions d'entrées en treize ans», souligne Pierre Georgel, qui voit enfin sa maison «renaître», au prix de travaux obtenus à  l'arraché. D'o๠les contorsions des architectes, obligés de tenir cette enveloppe budgétaire «digne de la construction d'un collège de province», regrette Olivier Brochet.


Pour autant, leurs plans semblent s'être affranchis de cette contrainte. Au centre du musée, une douve formera une élégante liaison entre les deux parties reconfigurées. De là , une passerelle en bois, clin d'œil au pont de Giverny, mènera aux Nymphéas, mis en scène sous la verrière restaurée, équipée d'immenses abat-jour régulant la lumière naturelle. A travers les baies vitrées restituées en façade, l'on pourra alors distinguer les terrasses du jardin jusqu'à  la Seine. Et méditer en paix aux lendemains d'armistice. Un thème d'actualité.

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